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DIOCÈSE DE TSHUMBE

DIOCÈSE DE TSHUMBE

Église Catholique au Sankuru, République Démocratique du Congo.


LES DIX ANS D'ÉPISCOPAT

Publié par Pierre Claude OKONDJO sur 17 Février 2008, 20:24pm

Catégories : #EVENEMENTS

Aux membres du Presbyterium, aux Religieuses et Religieux,

Aux Catéchistes, Animateurs des Communautés et Responsables des

Mouvements d’Action Catholique,

Aux fidèles du Diocèse de Tshumbe et à tous les hommes de bonne volonté.

A vous tous, grâce, paix et joie dans le Seigneur!

 

  1. ACTION DES GRACES

«Mon âme exalte le Seigneur» (Lc 1,46)

 

  1. En ce jour qui marque le dixième anniversaire de mon ordination épiscopale, je voudrais rendre grâce au Seigneur, source de tout bien, pour le choix porté sur mon humble personne à être le Pasteur du Peuple de Dieu dans le Diocèse de Tshumbe. Pour reconnaître la grandeur de l’action du Seigneur, j’emprunte à la Bienheureuse Vierge Marie l’hymne du Magnificat par lequel elle a proclamé les bienfaits du Seigneur et reconnu son intervention grandiose et transformatrice dans la vie d’une créature faible et fragile. Oui, «Mon âme exalte le Seigneur» pour le don de la vie et la grâce du ministère sacerdotal. A l’école de la Mère du Sauveur, j’ai accueilli dans l’humilité, mais avec joie, l’appel à collaborer à son dessein du salut en tant qu’Evêque; et je continue à confier ce ministère à sa maternelle intercession pour que l’amour infini du Seigneur, à travers son serviteur, connaisse une grande diffusion dans tout notre Diocèse.
  2. L’Evêque, dans la tradition de l’Eglise, est « un serviteur de l’Evangile de Jésus-Christ pour l’espérance du monde (…). Sa figure idéale est celle du Pasteur qui, configuré au Christ dans la sainteté de vie, se dépense généreusement pour l’Eglise qui lui est confiée, en portant en même temps dans son cœur la sollicitude pour toutes les Eglises disséminées sur toute la terre (cfr. 2 Co 11,28) »[1]. Cette définition du ministère épiscopal adoptée au cours du récent Synode des Evêques se concrétise à travers la mission de sanctifier, la charge d’enseigner et de gouverner[2].

Ainsi, la célébration d’un tel événement ne trouve son sens profond que dans le contexte ecclésial du Peuple de Dieu en marche, constitué en Corps Mystique du Christ. Voilà pourquoi l’action de grâces de ce jour, loin de traduire une réjouissance personnelle, s’exprime par un chant de louange que tout le peuple de Dieu élève au Seigneur en faisant la relecture de son histoire du salut. En effet, c’est grâce à un travail en communion que l’Evêque, le Clergé et tous les fidèles ont pu écrire l’histoire de ces dix années d’épiscopat. Pour mieux souligner la réalité d’une telle communion dans l’action pastorale, je voudrais faire miennes les célèbres paroles que Saint Augustin aimait à répéter quand il s’adressait à ses fidèles: «Pour vous je suis Evêque, mais avec vous je suis chrétien».

  1. Dix ans d’épiscopat ne constituent pas une étape isolée dans l’histoire du Diocèse de Tshumbe, mais bien une phase à interpréter et à apprécier dans la continuité et en tenant compte des défis de l’heure. C’est pour cette raison qu’il me revient de rendre hommage à tous mes prédécesseurs qui, par leur travail à la tête de ce Diocèse, nous ont légué un héritage précieux. S.E. Mgr J. HAGENDORENS, à la tête de la Préfecture Apostolique, puis du Vicariat Apostolique, a porté notre territoire à la maturité évangélique et a obtenu son érection en Diocèse. S.E. Mgr A. YUNGU, premier Evêque autochtone a dessiné le visage actuel de notre Diocèse tout en imprimant l’élan et le dynamisme pastoral dont nous assurons la continuité et la consolidation. S.E. Mgr P. MAMBE, durant les années de vacance du siège, nous a préparés par la prière et la sensibilisation de toutes les communautés à l’accueil d’un nouvel Evêque que le Saint-Siège s’apprêtait à nommer. Tous les trois, j’ai eu le bonheur de les connaître et la joie d’évoluer sous la couverture de leur paternité spirituelle.

A tous mes vénérés prédécesseurs dans l’Episcopat qui intercèdent jour et nuit pour notre Diocèse auprès du Seigneur, je rends un vibrant hommage et les recommande au Seigneur pour qu’il leur accorde le repos dans sa demeure éternelle.   

  1. CHEMIN PARCOURU

«Tout ce que vous faites, faites-le pour la gloire de Dieu» (cfr. 1 Co 10,31)

  1. L’Episcopat dont nous célébrons aujourd’hui le dixième anniversaire a été marqué par six ans de guerre et quatre ans consacrés à l’effort de reconstruction et à la gestion des conséquences de la situation post-conflit. Pendant la période cruciale de la guerre, les conditions de vie de nos populations s’étaient sensiblement détériorées. La mortalité, la misère, les épidémies, l’enclavement, la crise économique, le chômage, la criminalité, l’injustice et les violations massives des Droits Humains avaient connu une recrudescence inquiétante[3].

Hommage aux agents pastoraux

  1. Pourtant, en dépit de ces grandes épreuves, notre Clergé, nos Religieuses et Religieux, ainsi que tous les Responsables de nos communautés étaient restés unis et s’étaient montrés solidaires les uns avec les autres pour la sauvegarde des intérêts de notre population. L’Eglise avait, pour ainsi dire, marqué sa présence rassurante et réconfortante en faisant siennes toutes les préoccupations de ses membres[4].
  2. Je rends un hommage mérité aux prêtres présents au Diocèse pour avoir cheminé main dans la main avec les fidèles dont ils ont reçu la charge pastorale. Ils ont, en effet, aidé les personnes les plus éprouvées à porter le poids de leurs misères ; ils se sont érigés en protecteurs et défenseurs de tous, en particulier des catégories les plus vulnérables que sont les femmes et les enfants contre les extorsions et les enlèvements, contre les abus et les violences de toutes sortes, au prix de leur propre vie[5]. Certains se sont fait molester par des groupes armés, d’autres ont été pris en otage, d’autres encore ont vécu sous le coup de menaces continuelles et un de nos prêtres a été la victime des éclats d’un obus. En rendant grâces au Seigneur pour le courage apostolique dont il avait doté la plupart d’entre nous, je lui recommande en même temps l’âme de nos frères et sœurs (prêtres, religieuses, religieux et fidèles laïcs) qui ont succombé, directement ou indirectement, suites aux affres de la guerre. Portons dans nos intentions de prière toutes ces personnes chères qui nous ont quittés et dont nous gardons encore frais le souvenir édifiant de leur vie.

Reconnaissance envers nos bienfaiteurs

  1. Les quatre dernières années, appelées période de post-conflit, n’ont certes pas résolu tous les problèmes créés ou aggravés par la guerre. Toutefois, elles ont été témoins d’un effort lent mais décisif dans la direction du progrès et de la reconstruction. Ici aussi, je dois louer l’engagement de tant de personnes qui, au prix d’énormes sacrifices, ont contribué à stabiliser les conditions de vie de nos populations. Nos bienfaiteurs locaux et étrangers, ceux qui sont connus comme ceux qui ont requis l’anonymat méritent nos sincères remerciements. Sans vouloir méconnaître  la contribution de toutes les personnes de bonne volonté qui nous assistent au nom de leur foi en Jésus-Christ, je voudrais faire une mention toute spéciale de Mr Georges D. NAGRODSKY (USA) que le Seigneur a placé sur notre route en ces années et dont l’intérêt pour notre Diocèse n’a jamais été entamé. Quant aux Œuvres et Organismes qui nous ont appuyés dans notre action pastorale, qu’il me soit permis d’en citer quelques-uns: Propaganda Fidei, CRS (représentant l’USSCB), Conférence Episcopale Italienne, Archidiocèse de Cologne, Archidiocèse de Los Angeles, Diocèse de Gand, Réseau Caritas Internationalis, Caritas-Congo, Missio-Aachen, Missio-Munich, Miva-Autriche, Fondation Porticus, Action de Carême des Catholiques Suisses, Cordaid, Merlin, Apoc/Oms, Solidarité Protestante (Coopération Belge). Il serait trop long de les citer tous. En plus de nos remerciements, nos prières en leur faveur sera notre plus haute marque de gratitude.

 «Tout est grâce» (Ste Thérèse de Lisieux)

  1. En jetant un regard rétrospectif sur ces dix dernières années, je lis, à travers nos vies, faites de joie, d’inquiétudes et de souffrances, l’histoire d’une Eglise en marche ; comme disait Jean-Paul II, « une histoire rejointe par le Christ et qui, dans le dialogue avec lui, reprenait son chemin d'espérance »[6]. C’est avec ce regard de notre vénéré Saint-Père qu’il me revient de rappeler les étapes que nous avons franchies et le point de la situation actuelle par rapport aux objectifs que le Diocèse s’était fixé au début de cet épiscopat.

Exercice de la charité comme mission de l’Eglise

  1. Dès le départ, la guerre nous a amenés à gérer la situation des urgences, là où l’Eglise, en raison de sa nature et de sa mission se trouve le plus sollicitée. Il s’agit notamment du domaine de l’assistance aux personnes en détresse. Il est fort éclairant de suivre à ce propos le Pape Benoît XVI dans son enseignement sur l’exercice de la charité. Pour nous rappeler que celle-ci constitue une des tâches essentielles de l’Eglise, le Saint-Père écrit : « L’exercice de la charité s’est affirmé comme l’un de secteurs essentiels de l’Eglise, avec l’administration des sacrements et l’annonce de la Parole : pratiquer l’amour envers les veuves et les orphelins, envers les prisonniers, les malades et toutes les personnes qui, de quelque manière, sont dans le besoin, cela appartient à son essence au même titre que le service des sacrements et l’annonce de l’Evangile »[7]. Dans le contexte de notre Eglise, l’exercice de la charité s’est matérialisé entre autres par le rapatriement des populations déplacées à cause de la guerre et leur réinsertion dans leurs milieux de vie respectifs ; la distribution des biens de première nécessité ; la réhabilitation et l’équipement de nos hôpitaux et centres de santé ; le lancement de deux orphelinats à Lodja et à Tshumbe et l’ouverture de celui de Lubefu ; et le redémarrage des activités dans toutes les paroisses longtemps victimes du vandalisme et des pillages. La paroisse St Vincent de Kiomi, dernière à être ouverte, présente encore tous les traits de la souffrance, de la destruction et de la profanation de nos églises par laquelle avait été érigée l’« abomination de la désolation », selon l’expression de l’Auteur du livre des Maccabées[8]. Voilà pourquoi j’ai choisi de commémorer cette circonstance avec les fidèles qui constituent cette portion du Peuple de Dieu, pour leur faire sentir ma proximité et leur témoigner de ma sollicitude paternelle.

Une Eglise agissante

  1. Dans les différents domaines où se déploient les efforts de notre Diocèse, des signes encourageants et des réalisations encore partielles peuvent être signalées. Sur le plan strictement pastoral, nos CEVB, comme des poumons de l’Eglise, n’ont jamais cessé de donner du souffle à notre Diocèse. Prolongeant la tradition existante, elles ont gardé la tenue des réunions trimestrielles dans les paroisses et la participation active aux réunions diocésaines annuelles. De même nos paroisses, bien que fonctionnant quelque fois avec le strict minimum, n’ont jamais interrompu leur mission évangélisatrice. La Proclamation de l’Evangile, l’administration des sacrements et la conduite de nos communautés ont été assurées de manière continue.
  2. Au niveau des travaux en Commissions, plusieurs instruments de la Pastorale sont en chantier et trouveront progressivement leur mise en circulation grâce au concours de beaucoup d’entre nous. C’est le cas du Missel pour la célébration de la Sainte Messe, du Catéchisme de l’Eglise Catholique, du Livre des chants liturgiques, de la Prière de chaque jour, du Lectionnaire et de la traduction de l’Ancien Testament en Otetela qui viendra s’ajouter au texte du Nouveau Testament déjà en usage. Ce travail immense répondra, à juste titre, au souci exprimé par le Pape Benoît XVI dans son Exhortation apostolique Sacramentum caritatis et dans la récente Lettre apostolique sur la célébration liturgique dans les deux Formes (ordinaire et spéciale) de l’unique Rituel reconnu par l’Eglise Catholique Romaine. En effet, dans ces deux textes du Souverain Pontife transparaît la préoccupation à concilier la sacralité des événements à célébrer et l’usage des formes et expressions liturgiques appropriées pour favoriser la participation active du Peuple de Dieu[9]. Et pour indiquer que l’art de célébrer était la meilleure condition pour une participation active, Benoît XVI dit avec justesse : « L’ars celebrandi doit favoriser le sens du sacré et l’utilisation des formes extérieures qui éduquent à un tel sens »[10]. Et il exhorte à veiller au respect et à la présentation des livres liturgiques, de la richesse des signes et ajoute que le chant liturgique occupe une place importante[11]. Comment ne pas alors encourager tout effort qui s’inscrit dans la perspective du renouveau, tel que souhaité par le Magistère pontifical ?

Au niveau de la croissance spirituelle, notre Diocèse s’est enrichi de la grâce reçue au cours de nos retraites et de nos Journées Pastorales. Celles-ci nous ont permis de réfléchir sur la mission évangélisatrice de notre Eglise particulière à l’horizon de son Centenaire.

 

Deux atouts pour l’évangélisation

  1. Enfin, je signale que notre Diocèse a bénéficié de deux atouts majeurs pour le renforcement de son travail d’évangélisation. Il s’agit de l’Ecole Catéchétique d’Edinga à Lodja, tenue avec compétence et dévouement par les Pères Passionistes, et de notre Radio Communautaire « Osase » à Tshumbe. En dépit des difficultés évidentes, le Centre d’Edinga, à côté de l’Institut des Sciences Religieuses de Kananga, forme chaque année une cinquantaine de catéchistes en leur assurant un enseignement de qualité et une bonne préparation qui rendent plus performant leur apostolat au milieu de notre peuple assoiffé de Dieu. Pour sa part, notre Radio Communautaire « Osase » nous a permis d’introduire une nouvelle forme d’évangélisation qui tire profit des avantages de la globalisation. L’urgence de se doter, pour l’évangélisation, des moyens de communication en général et d’une radio catholique en particulier, a été rappelée aux Pères Synodaux en ces termes : « L’Eglise d’aujourd’hui peut disposer de différents moyens de communication sociale, aussi bien traditionnels que modernes. Il est de son devoir d’en faire le meilleur usage pour répandre le message du salut »[12]. Par le lancement de ce puissant moyen de communication, notre objectif a été et demeure avant tout celui d’annoncer et de diffuser l’Evangile. Annonce qui s’accompagne du souci d’harmoniser les expériences pastorales par un échange fructueux entres les paroisses. Ensuite, notre Radio s’emploie à assurer l’éducation sanitaire, l’éducation civique et à la culture de la paix, l’art culinaire, les informations générales et, comme tous les autres médias, le divertissement [13].  Il serait donc souhaitable d’obtenir, d’une part la participation de toutes les paroisses aux émissions et aux programmes à diffuser, et d’autre part une contribution financière de toutes nos communautés pour la bonne marche de cet  instrument précieux.

 

Vaste champ de la Pastorale sanitaire

  1. Conformément à sa Pastorale de la santé, le Diocèse participe, par son organe du BDOM, en collaboration avec d’autres partenaires, à un vaste programme d’éradication, de prévention et de lutte contre les épidémies de toutes sortes.  Dans ce contexte, des efforts continuent d’être fournis pour faciliter l’accès de tous aux soins de santé. La reconstruction et la réhabilitation des hôpitaux et centres de santé, l’équipement en appareils et matériels de base, le recrutement et la formation d’un personnel médical qualifié, la prise en charge et l’appui aux médecins invités à œuvrer dans notre Diocèse, tout ceci constitue des points appréciables de notre engagement. Certes, beaucoup reste à faire, mais nos agents, prêtres, religieuses, religieux et laïcs engagés font montre d’un grand esprit d’abnégation et agissent au milieu de notre peuple comme de véritables Bons Samaritains [14]. Des campagnes de sensibilisation contre le Sida (HIV), les efforts pour l’éradication du paludisme, la lutte contre la tuberculose, la maladie du sommeil, l’onchocercose ou la cécité des rivières figurent en bonne place parmi les nouveaux objectifs de notre programme sanitaire. Au lieu d’approcher les patients simplement comme des professionnels de la santé, nos frères et sœurs engagés dans cette pastorale s’arrêtent, écoutent, créent des liens d’amitié avec les patients et exhortent leurs familles à découvrir le sens chrétien de la souffrance humaine et à vivre celle-ci en communion avec le Christ et avec la personne souffrante.  

 

      Jeunesse et  Pastorale scolaire

  1. Un autre domaine dans lequel l’Eglise essaie de maintenir sa présence active et d’offrir sa contribution est celui de la Pastorale scolaire. Vu l’importance accordée à la jeunesse, espoir et force pour le futur, l’Eglise y a mis le gros de ses moyens et le meilleur de son personnel, dans l’intention de lutter contre l’analphabétisme et d’assurer une formation humaine, morale et spirituelle solide aux jeunes cadres et ministres de demain[15]. Benoît XVI nous y encourage. En effet, à la suite de son prédécesseur, le Saint-Père s’est investi sans attendre dans la pastorale des jeunes et a choisi de continuer l’heureuse tradition des Journées Mondiales de la Jeunesse. En effet, prenant la parole à la rencontre des jeunes à Cologne, il disait : « Il me revient aujourd’hui de recueillir cet extraordinaire héritage spirituel que Jean-Paul II nous a laissé (...). Maintenant, tous ensemble, nous avons le devoir de mettre en pratique ces enseignements »[16]. Heureuse de continuer cette pratique, le Diocèse a tout récemment été comblé de joie par le pèlerinage de plus de 300 jeunes de la Paroisse St Désiré de Lodja à Tshumbe Ste Marie. Quatre jours durant, nous avons fait l’expérience inoubliable d’une jeunesse diocésaine missionnaire, capable d’évangéliser d’autres jeunes et même les adultes. Mettant mes pas dans les leurs lors de la visite de l’Evêché et d’autres sites, j’ai compris que ces jeunes sont « un don spécial de l’Esprit de Dieu »[17] à promouvoir par une pastorale plus adaptée à leurs besoins et préoccupations. Un autre pèlerinage de 230 jeunes de la Paroisse de Tshumbe Ste Marie à la rencontre de leurs frères de la Paroisse d’Ekenyi St Louis a été vécu comme un autre temps fort. J’ai demandé que ces pèlerinages s’intensifient. Je le redirai aux jeunes quand j’irai prochainement célébrer avec eux la Fête de la Christ-Roi à Lodja St Désiré.
  2. Cet engagement en faveur des jeunes s’exprime de plusieurs manières, notamment à travers l’Ecole et l’éclosion de plusieurs mouvements des jeunes toujours florissants dans notre Diocèse. Dans le cadre du « Projet Education », nous participons à la construction et à la réhabilitation des infrastructures scolaires, à l’équipement en manuels scolaires et matériels didactiques, à la formation des formateurs et à l’amélioration de la qualité de l’enseignement. Nous le faisons pour tous les enfants du Sankuru, sans distinction de réseau ou de confession religieuse.

Pareillement à la Pastorale de la santé, l’engagement dans le secteur scolaire rend visible le souci de l’Eglise pour la promotion humaine et le développement. Notre bureau de Coordination de l’Education Chrétienne, nos enseignants, directeurs, préfets des études, inspecteurs et d’autres cadres font un travail de fourmis en assurant l’instruction, la formation et l’éducation, et en offrant un cadre professionnel à des milliers de jeunes de notre société soucieux de trouver un débouché au niveau local.  En outre, je dois encourager, de façon particulière, l’effort de tous nos frères et sœurs (prêtres, religieux, religieuses et laïcs) qui s’emploient à doter notre Diocèse d’institutions d’enseignement Supérieur et Universitaire ou à renforcer celles déjà existantes. Malgré les difficultés et insuffisances qui entachent leur travail patient d’accompagnement des fils et filles de notre terroir, du Primaire à l’Université, l’effort fourni est louable. Il est vrai que la crise qui a frappé nos institutions d’enseignement, à savoir la corruption généralisée et le manque d’émulation, tout cela  n’a pas épargné nos écoles. Nous prions le Seigneur pour qu’il donne à chaque éducateur la patience, la force et le courage de viser l’excellence et de servir avec joie sur ce champ d’apostolat. Autant nous nous sommes investis dans la reconstruction et la réhabilitation des infrastructures scolaires, autant nous souhaitons que soient éradiquée la corruption, sanctionnée l’incompétence, et promu tout effort visant à assainir le milieu scolaire[18].

 

Une Eglise, sacrement de réconciliation, justice et paix

  1. Par ailleurs, la situation des conflits armés et les années post-conflit ont été pour notre Diocèse le moment d’un engagement décisif dans la pastorale des Droits fondamentaux de la personne humaine créée à l’image et à la ressemblance de Dieu (Gn 1,27). Faisant siennes la Parole  du Seigneur « heureux les artisans de paix, ils seront appelés Fils de Dieu » (Mt 5,9), le Diocèse s’est investi dans l’éducation à la paix et à la transformation  des conflits. La Commission Diocésaine Justice et Paix (CDJP en sigle) et ses différentes Commissions Paroissiales sont ainsi devenues des instruments de réconciliation au sein des communautés ; grâce à la prière de tant de fidèles et au savoir-faire de différents acteurs, nous avons pu contribuer à juguler certaines crises et à rétablir la paix dans des situations difficiles, telles que les troubles qui ont ensanglanté la région de Kiomi et les tensions qui ont accompagné la période électorale à Lodja.

Aujourd’hui encore, suivant les directives de la CENCO en la matière, la CDJP et ses antennes paroissiales travaillent à la consolidation de l’Etat de droit dans nos milieux après la grande campagne d’Education Civique et Electorale qui a permis à nos populations de comprendre les enjeux des élections et d’y participer dans la paix ; partout, elles sont en train d’implanter des Comités Locaux de Gouvernance Participative qui permettront aux Citoyens Sankurois de donner leur apport à la gestion de la chose publique au niveau local. C’est par ce travail sans répit que notre Commission Justice et Paix est devenue un partenaire important des Agences du système des Nations-Unies et des Organisations de défense des droits humains. Par cette Pastorale, en effet, le Diocèse s’est fait davantage voix des sans-voix et des laissés pour compte[19].

  1. Tout ceci s’explique du fait qu’en tant qu’Eglise, nous nous sentons interpellés par l’attitude du Christ qui s’est fait proche des pauvres, des malades, des déshérités et des pécheurs et qui a milité pour que ceux-ci soient rétablis dans leurs droits et dans leur dignité de personne[20]. Cet engagement de l’Eglise au service de la réconciliation, de la justice et de la paix fera d’ailleurs l’objet de la Deuxième Assemblée Spéciale pour l’Afrique du Synode des Evêques qui se tiendra à Rome et dont le Pape Benoît XVI a déjà confirmé le projet d’une prochaine convocation[21].
  2. En considérant notre engagement dans tous les domaines précités et la mobilisation que nous avons pu créer, je puis affirmer que c’est par notre humble témoignage et notre conviction à œuvrer pour la cause du Christ que nous avons suscité un capital de confiance et de crédibilité reconnu par nos autorités nationales et locales, et par tous les organismes et partenaires internationaux. Ceci justifie le fait que la plupart d’entre eux préfèrent nous confier la réalisation des projets ou nous associer dans leurs programmes d’action pour leur assurer une certaine garantie morale. Je félicite et renouvelle mes remerciements à tous les agents pastoraux qui, en collaboration avec moi, ont mérité et méritent encore cette marque de confiance.

 

Au service de l’Eglise Universelle

  1. Ces années d’Episcopat ont été aussi marquées par mon engagement dans le cadre de l’ACEAC. Par mon élection à la tête de cet organe réunissant les Conférences Episcopales des Pays de Grands Lacs, j’ai exercé une charge importante et pris des contacts fructueux qui ont servi tant à l’Eglise d’Afrique qu’à celle du Congo et à notre Diocèse. Je voudrais une fois de plus remercier le Seigneur pour la grâce qu’il m’a accordée de le servir au niveau de cette instance ecclésiale et exprimer ma vive reconnaissance envers mes frères dans l’Episcopat pour la confiance dont ils m’ont investi. A cette même occasion, je voudrais vous exprimer, chers fidèles de notre Diocèse, ma profonde gratitude pour vos prières, votre soutien moral et votre compréhension quand, pour l’intérêt de l’Eglise Universelle, vous acceptiez et compreniez mes absences.

 

Ressources matérielles et financières

  1. En plus de notre participation à des programmes à caractère humanitaire et social, nous n’avons pas oublié de rééquiper nos paroisses en instruments nécessaires pour la Pastorale ordinaire et de doter nos organes de gestion des Unités de production pouvant rendre chaque secteur opérationnel. Je vous rappelle que pour réaliser convenablement notre programme d’action pastorale, notre budget annuel qui s’élève à plus de 300.000$ n’est pris en charge qu’à 20% par les Subsides ordinaires que nous recevons du Saint-Siège. Pendant les premières années de mon épiscopat dominées par la guerre, notre Diocèse devait continuellement tendre la main aux bienfaiteurs étrangers pour essayer de faire fonctionner tant soit peu les secteurs les plus importants. Je suis à présent encouragé par le constat que notre participation, au niveau des structures diocésaines des finances, couvre 30% de ce budget, ce qui nous permet déjà de faire face à la moitié des besoins du Diocèse. Au regard du progrès ainsi accompli, je suis persuadé que grâce aux sacrifices, aux efforts et à la participation de tous, nous pouvons réussir, dans les années à venir, à accroître notre capital.

 

Renforcement des infrastructures

  1. Sur le plan des infrastructures, j’ai noté une réelle amélioration. Car, alors qu’en temps de guerre notre Diocèse avait perdu la presque totalité de ses engins roulants, aujourd’hui nous sommes heureux de compter des vélos, des motos dans chaque paroisse, des jeeps, deux bateaux opérationnels, et bientôt un petit porteur. Ceci a permis de désenclaver les communautés les plus éloignées et de créer plus de mobilité pour plus de collaboration. L’accent mis aussi sur la réhabilitation et la construction des ponts a réduit l’isolement, relié des villages et permis une grande circulation de personnes et de biens. En outre, pour sauver les édifices hérités des missionnaires et qui ont vieilli, entraînant de grosses dépenses pour leur maintien, nous avons paré au plus pressé en couvrant les toitures ou en réhabilitant les bâtiments dans les presbytères de Tshumbe Ste Marie, Okolo St Joseph et Dibele St Paul.
  2. Nous avions aussi décidé, dans ce volet, de renforcer notre Diocèse en infrastructures immobilières dont il a besoin pour son action évangélisatrice et son auto-financement. En ce moment, le Diocèse dispose, en plus de la maison de Righini à Kinshasa, de trois autres concessions dont deux, par leurs revenus locatifs, génèrent des recettes qui contribuent au budget annuel à hauteur de 10%. La construction d’un Centre Pastoral, d’un Evêché et d’un Centre spirituel sont en cours à Tshumbe, alors que l’érection de la plus grande église du Diocèse se fait à Lodja St Désiré. D’autres églises ont été construites dans des paroisses telles que Ndjeka St Charles Lwanga et Shenga St Amand grâce au dynamisme de nos deux confrères en charge de ces communautés. Au nom de notre Diocèse, je dois féliciter et remercier tous les prêtres qui mobilisent leurs amis pour la cause de l’Evangile et contribuent ainsi de manière efficace à la mission Ad Gentes.

 

Une Pastorale au service des vocations

  1. «La moisson est encore abondante, mais les ouvriers toujours peu nombreux »[22]. Notre Diocèse, l’un des plus grands de la Province Ecclésiastique de Kananga, a tant besoin de nouvelles unités paroissiales et de nouveaux prêtres. Grâce à notre Pastorale des vocations et à la prise en charge de nos séminaristes et novices par nos amis et bienfaiteurs, nous avons pu célébrer, en ces dix années de mon épiscopat, 29 ordinations sacerdotales, plusieurs professions religieuses et des jubilés. Nos deux congrégations  religieuses diocésaines font, en effet, des efforts appréciables pour vivre selon l’esprit évangélique et leurs charismes respectifs et pour arriver à une prise en charge effective de leurs membres. Au-delà de nos frontières, nos religieuses portent le témoignage de vie missionnaire à l’étranger (Belgique, Italie, Etats-Unis et bientôt en Afrique du Sud). Par ailleurs, de nos trois Maisons de formation au sacerdoce, deux s’apprêtent à célébrer leurs jubilés. Prions le Seigneur pour qu’il continue à envoyer des ouvriers dans sa moisson et aidons nos Maisons de formation à préparer des prêtres dignes de ce nom en accordant un cadre social et pastoral favorable à l’apostolat de nos séminaristes et aux aspirants appelés à exercer leur stage dans nos communautés paroissiales.

 

  1. DEFIS A RELEVER

 « Avance en eau profonde » (Lc 5,4)

  1. Après des années de grandes tribulations pour notre Diocèse, les défis à relever ne peuvent qu’être nombreux et multiformes. Tout en étant reconnaissants envers Celui qui nous donne de pourvoir à nos besoins au-delà de toutes nos attentes, nous sommes invités à doubler d’efforts pour continuer la sensibilisation en vue d’un changement radical de mentalités et la protection des acquis dans tous les secteurs. Je joins ma voix à celle de tout l’Episcopat congolais qui, il y a un an, avait appelé tous les chrétiens à garder l’espoir et à persévérer sur la voie du changement démocratique[23]. En tant que chrétiens, nous devons être porteurs de joie et d’espérance auprès de notre Peuple. Benoît XVI nous y exhorte en disant : « Nous devons vivre comme des hommes d’espérance, car le monde a besoin de l’espérance qui ne trompe pas (…) Nous savons que cette espérance c’est le Christ. Nous le savons et c’est pourquoi nous proclamons l’espérance qui jaillit de la Croix »[24].

Pour mieux partager les fruits de cette vertu théologale, je vous invite, pour la prochaine décennie, à galvaniser nos énergies autour de quelques défis majeurs qui sont : l’instauration d’une nouvelle forme d’évangélisation, la consolidation de l’unité et la prise en charge matérielle de notre Eglise.

 

1. La nouvelle évangélisation

« Vous serez mes témoins » (Ac 1,8)

  1. Dans ma première Lettre pastorale écrite pour vous éclairer sur l’intention de ma devise épiscopale, j’avais déjà tracé les lignes majeures de notre engagement pastoral pour répondre au défi de la nouvelle phase de notre action missionnaire, celle de l’évangélisation en profondeur[25]. En effet, les questions que j’avais soulevées, en son temps, se sont révélées cruciales et inhérentes à notre mission évangélisatrice. En cette phase, la prédication par le témoignage de vie a constitué et doit encore constituer la première force des ministres et de tous les agents apostoliques. Nous devrions nous laisser continuellement interpeller par ces paroles du Christ: «Que votre lumière brille aux yeux des hommes pour qu’en voyant vos bonnes actions, ils rendent gloire à votre Père qui est aux cieux»[26]. Mon message du 02 janvier 2002 insistait sur cet aspect de la prédication par le témoignage et répercutait l’appel de notre Seigneur en ces termes: «Pour arriver à donner des motifs d’espoir à tous, notre engagement doit être corroboré par le témoignage cohérent de notre vie (…). Pour plus d’efficacité, nous sommes appelés à renforcer le respect de nos engagements sacerdotaux, religieux et le témoignage solide de notre vie chrétienne»[27]. C’est pourquoi, je lance un appel paternel, en particulier à tous nos prêtres à saisir cette occasion pour réfléchir sur notre identité sacerdotale, les engagements pris devant le Seigneur et le Peuple de Dieu, et à renforcer nos rangs pour que nous affrontions ensemble notre responsabilité historique. Qu’ils se rappellent les propos de Saint Paul qui s’était tellement identifié à sa mission au point d’affirmer: «Annoncer l’évangile, en effet, n’est pas pour moi un titre de gloire ; c’est une nécessité qui m’incombe. Oui, malheur à moi si je n’annonçais pas l’évangile! »[28]. Ces propos doivent nous interpeller et réveiller notre conscience à vivre et à agir en tant que protagonistes et coresponsables de la mission de l’Eglise. Je confie à votre prière, frères et sœurs, le ministère sacerdotal de tant de prêtres qui, malgré les difficultés de tous genres, continuent à travailler dans l’humilité et le silence, loin de la rumeur des médias et qui constituent des véritables « pierre angulaire »[29] dans leurs communautés chrétiennes. Enfin, je n’oublie pas tous nos prêtres qui portent, dans la foi, l’épreuve de la maladie. Puisse le Seigneur qu’ils servent avec dévouement alléger le poids de leur fardeau.

 

Témoignage des fidèles laïcs

  1. Notre Diocèse a, par ailleurs, cru en la nécessité d’une participation plus effective des fidèles laïcs dans la gestion et la conduite de secteurs clés de l’action pastorale. A l’heure actuelle, certains d’entre vous font déjà preuve d’honnêteté et de compétence. Mon souhait est que d’autres encore manifestent leur disponibilité à collaborer là où le témoignage des laïcs est le plus attendu, en vertu du principe de subsidiarité.

 

Vers une Pastorale d’ensemble

  1. En plus du témoignage de vie individuel, je lançais un appel à nous orienter vers l’organisation d’un plan de pastorale d’ensemble. « Un tel plan, faisais-je remarquer, nous permettrait de mieux ordonner nos actions pastorales et de travailler à la lumière d’une vision à long terme »[30]. A cet effet, nos Journées Pastorales nous ont aidés à réfléchir sur notre action pastorale à l’horizon du Centenaire. Plusieurs sessions ont été organisées pour apprendre aux différents participants à restituer les résolutions et recommandations des réunions à la base. Je souhaite que le travail technique qui se fait au niveau du Bureau Pastoral produise un organigramme clair et nous propose des orientations pratiques tirées des directives que j’ai données en vue de la célébration prochaine du Synode Diocésain.
  2. Ce n’est qu’en entrant dans cette optique que nous pourrons vraiment répondre aux grands défis de l’heure qui sont, entre autres, l’invasion des sectes, la résurgence et l’emprise de la sorcellerie et du fétichisme sur l’inconscient social. Ces phénomènes, on le sait, puisent leur force de séduction dans la misère qui fragilise et défigure l’homme créé à l’image de Dieu (Gn 1,27). Bien souvent, les sectes trouvent un terrain favorable dans les communautés où les visites du prêtre se font de plus en plus rares. De même, une certaine forme de syncrétisme est notée dans la vie des chrétiens dont l’adhésion au Christ est restée au niveau trop superficiel. C’est donc pour combattre tous ces phénomènes que je rappelle l’exigence déjà formulée dans ma première Lettre pastorale d’une nouvelle évangélisation en profondeur. Celle-ci devra  être « nouvelle dans son ardeur, nouvelle dans sa méthode, nouvelle dans son expression »[31].   
  3. Impliquons-nous donc dans cette nouvelle phase de la Pastorale en ayant devant les yeux la figure de l’Apôtre Paul, le missionnaire intrépide que le Pape Benoît XVI nous propose de suivre  pour l’An 2008 déclaré « Année paulinienne »[32].

 

2. La consolidation de l’unité

« Tous, vous êtes fils de Dieu en Jésus-Christ » (Gal 3,26)

  1. Au-delà de notre appartenance à la grande famille Ankutshu-Membele, nous formons, en Jésus-Christ, de par notre baptême, une nouvelle famille de Dieu constituée d’hommes et de femmes transformés par l’Evangile[33]. Comme vous le savez, j’ai placé mon ministère épiscopal sous le signe de l’unité et choisi la prière sacerdotale de notre Seigneur Jésus-Christ comme une intention permanente de ma prière pour ce Diocèse. L’impulsion donnée par cette devise épiscopale ne visait certes pas à atteindre une unité de façade basée sur une simple fraternité et un aplanissement des divergences humaines. Elle continue plutôt à servir de phare pour éclairer notre marche vers l’avènement du Royaume de Dieu parmi nous[34]. Ce faisant, elle ne peut se vivre que comme union des cœurs en Jésus-Christ.

 

La Province du Sankuru, une nouvelle opportunité

  1. Pour rendre visible et renforcer cette unité au niveau de nos engagements politiques, je vous invite à œuvrer la main dans la main pour l’avènement d’une Province administrative plus forte, prête à affronter et à résoudre dans la cohésion et l’harmonie les graves problèmes qui préoccupent notre peuple. L’Eglise promet sa contribution et lance un appel pressant aux frères et sœurs oeuvrant directement dans le domaine politique, ceux qui, par leur élection représentent le souverain primaire et ceux qui sont placés aux différents postes de décision à s’asseoir  autour d’une même table pour parler le langage du développement, de la paix et de l’unité de notre Sankuru. Nous devons nous organiser pour accueillir cette nouvelle opportunité politique, non pas comme une menace ou une source de divisions, mais comme une chance.
  2. C’est pour préparer une telle réussite que, profitant de ma responsabilité à la tête de l’ACEAC, j’avais entrepris une campagne de sensibilisation et d’information auprès des Etats et Organisations internationales (MONUC, Royaume-Uni, France, Belgique) ainsi qu’auprès des Eglises soeurs (Los Angeles, Gand). Notre Diocèse s’était alors réjoui de la visite

au Sankuru de Monsieur Ross Mountain, adjoint de S.E. Mr Swing, Représentant du Secrétaire Général des Nations-Unies en R. D. Congo, des Ambassadeurs du Royaume-Uni et du Royaume de Belgique et de deux évêques amis, S. Em. Roger Card. Mahony et S.E. Mgr Luc van Looy. La visée primordiale de cette démarche était de faire connaître le Sankuru et de faire porter son plaidoyer au niveau des centres de décision. Toutes les personnalités et institutions intéressées ont promis de nous venir en aide et de devenir nos porte-parole s’ils nous trouvent organisés, unis pour une cause commune et à la hauteur du partenariat que nous appelons de tous nos vœux.

 

3. La prise en charge matérielle de notre Eglise

«Que chacun mette de côté ce qu’il aura réussi à épargner » (1 Co 16,2)

  1. Si pendant la première décennie de cet épiscopat, nous avons pu atteindre quelques objectifs grâce au soutien et à l’aide financière de nos bienfaiteurs, je vous propose de regarder la deuxième décennie comme celle d’une éducation à la prise en charge matérielle de l’Eglise par ses propres fidèles. Dans cette nouvelle phase, notre prise de conscience d’être devenus une Eglise adulte et notre engagement conséquent dans le cadre de la prise en charge me semblent la voie la plus indiquée pour faire face aux 50% des frais qui manquent encore chaque année à la couverture complète de notre enveloppe budgétaire.

 

«Ekelesya odito waakiso »

  1. Dans ma Lettre pastorale n. 6 du 28 décembre 2003, je dressais un état de lieu de notre Eglise particulière de Tshumbe et vous rappelais à agir, en nous inspirant des témoignages bibliques et en répondant aux exhortations du Magistère, dans le sens d’une mise en pratique de ce qui peut être considéré comme le devoir fondamental de tout chrétien vis-à-vis de l’Eglise. Voici, en effet, en quels termes je vous exhortais: «La prise en charge de l’Eglise par ses fidèles est un devoir pour le Peuple de Dieu de tous les temps en vue de la construction du Royaume de Dieu. Faisons de cette urgence une affaire de tous sans observateurs passifs »[35]. Et je concluais ce message en citant les belles paroles de Saint Paul adressées aux Corinthiens : « Que chacun donne selon ce qu’il a décidé dans son cœur, non d’une manière chagrine ou par contrainte ; car Dieu aime celui qui donne avec joie »[36]. Ce même besoin de renforcer les capacités financières de nos Diocèses a été ressenti et fortement souligné par les Evêques d’Afrique réunis en Synode. Ils disaient ce qui suit : « Il est donc urgent que les Eglises particulières d’Afrique se fixent pour objectif d’arriver au plus tôt à pourvoir elles-mêmes à leurs besoins et à assurer leur autofinancement »[37]. C’est à cette tâche que nous devons nous atteler sans attendre.

 

Repartir des CEVB

  1. L’heure est venue, mes chers frères et sœurs, de restituer à nos CEVB leur rôle de noyaux du développement paroissial et à nos paroisses la charge d’organiser des quêtes annuelles pour l’œuvre missionnaire de Saint Pierre Apôtre et pour un début de réponse à l’appel "Ekelesya odito waakiso" lancé en 2003. Prenons l’exemple des premières communautés chrétiennes que Saint Luc dans les Actes des apôtres et Saint Paul dans ses Epîtres louent pour la maturité de leur foi et leur capacité à se prendre en charge, à pourvoir aux besoins des indigents et à penser aussi aux communautés chrétiennes les plus défavorisées[38].

Par la création d’un petit bétail, la culture des champs et d’autres initiatives locales, nos communautés se révéleront une grande force et s’affirmeront comme fer de lance pour l’économie de notre Eglise.

J’ai la ferme conviction que le budget alloué aux besoins du Culte divin (l’achat des espèces eucharistiques, des ornements liturgiques et autres), aux œuvres de charité, à l’entretien des catéchistes, du personnel ouvrier et à la prise en charge des prêtres peut être entièrement couvert par chaque paroisse si nous arrivons à mobiliser toutes les énergies et toutes les forces vives de nos communautés à cet effet.

 

Pour une bonne éducation à la prise en charge

  1. Je confie aux Prêtres, aux membres des Conseils Paroissiaux et aux Catéchistes la responsabilité de rendre effective l’organisation de telles initiatives, avec le concours d’autres organes compétents. Nous devons arriver à consolider les CEVB, en tant que noyau de la nouvelle évangélisation en profondeur, collaborer avec les animateurs à tous les niveaux et rendre nos Journées Pastorales des occasions précieuses pour réfléchir sur des objectifs à atteindre.
  2. C’est ici le lieu de rappeler une évidence : la prise en charge de l’Eglise par ses propres fidèles passe par le nécessaire désapprentissage d’une mentalité, celle d’assistés. La session de renforcement des capacités, organisée par Action de Carême Suisse en faveur de tous les agents pastoraux du Diocèse, a été l’occasion d’un approfondissement fructueux de la question : nous y avons appris que l’organisation de la Solidarité ecclésiale passe par l’accompagnement des communautés à la base dans leurs travaux communautaires et dans leurs efforts de lutte contre la pauvreté. De cette session le premier fruit mûr fut la décision prise à l’endroit de tous les prêtres de contribuer chacun à hauteur de 20 dollars par tête au budget annuel du Diocèse. Décision accueillie avec joie par tous les prêtres participants. Nos confrères évoluant pour un temps à l’étranger, soit en mission d’études ou comme prêtres Fidei Donum, sont invités à faire de même. Je leur demande une contribution spécifique, celle de sensibiliser leurs fidèles qui bénéficient de leur ministère à les aider à couvrir les dépenses liées au retour définitif (transport bagages et titre de voyage). Je suis sûr qu’ils répondront positivement pour peu que le prêtre fonde bien sa requête.

 

Appel à la diaspora du Sankuru

  1. En dehors des frontières visibles de notre Diocèse, je lance un appel pressant à la grande diaspora du Sankuru à l’Etranger pour qu’elle ne se mette pas à l’écart de ce qui se fait. J’invite les différents groupes constitués et ceux encore en gestation à s’organiser et à se mobiliser pour pouvoir financer de petits projets d’appui au développement dans nos communautés rurales. Leur impact, dans ce sens, serait plus réel et bénéfique si nos frères et sœurs à l’Etranger s’associaient de manière plus concrète aux efforts de notre Diocèse. L’histoire de toutes les diasporas est pleine de leçons dans ce sens.

 

  1. EVENEMENTS A CELEBRER
  2. A l’occasion de ce dixième anniversaire de mon épiscopat, je suis heureux d’inviter chaque fille et fils du Sankuru à se préparer spirituellement à la célébration, en 2010, du Centenaire de l’Evangélisation dans notre Diocèse. Cet événement dont l’importance n’est plus à démontrer, sera précédé par la célébration de deux grands moments précurseurs, à savoir le Jubilé d’Or du Petit Séminaire Onema Ototo et la rencontre d’Enyamba.

 

1. Jubilé du Petit Séminaire

  1. En effet, l’an prochain, le Diocèse célébrera les 50 ans d’existence du PSOO pour commémorer l’œuvre de formation humaine, intellectuelle et spirituelle assurée de manière ininterrompue dans la vallée de Tshuka, et qui a donné à notre Eglise des prêtres dévoués et d’éminentes personnalités laïques dans tous les secteurs de la vie nationale et à l’Etranger.
  2. Je décrète donc 2008 l’Année du Jubilé d’Or du Petit Séminaire Onema Ototo et je demande que celle-ci soit inaugurée dans cette Maison de formation en la fête patronale de St Gabriel del Adolorata pour se vivre intensément sur toute l’Année Jubilaire. En vue d’une bonne réussite de cet événement, nous vous invitons tous à porter notre Séminaire dans vos prières, et nous attendons spécialement des Anciens du Petit Séminaire, premiers protagonistes et bénéficiaires de l’œuvre réalisée dans cette Maison, une contribution financière significative.

 

2. Enyamba, lieu de prière et de croissance

  1. Un autre rendez-vous de taille auquel je vous convie, au seuil de la célébration du Centenaire de l’Evangélisation, est le Pèlerinage de tous les fidèles vers Enyamba. Cet événement, que je propose de placer sous le signe d’une rencontre œcuménique, pourra être célébré avant tout dans la prière. Dans la première Lettre pastorale que je vous adressais au début de mon épiscopat, j’expliquais le sens de cette démarche en ces termes : « Le Pèlerinage d’Enyamba est à vivre comme un exercice d’ascèse pour dépasser nos faiblesses humaines et nous remettre sur les pas du Rédempteur. Le pèlerinage nous fait avancer dans les chemins de la perfection chrétienne et nous fait entrer dans l’unité surnaturelle du Corps Mystique du Christ »[39]. Aujourd’hui, j’invite les différents Responsables des Eglises Sœurs et même ceux d’autres Religions à mobiliser leurs fidèles pour qu’ensemble nous puissions célébrer dans l’amour et dans la joie cet événement unificateur.

 

Invitation finale et bénédiction

  1. Le chemin à parcourir est encore long et les défis à relever nombreux. Prions donc le Maître de l’histoire pour qu’il nous donne la force de porter l’Evangile jusqu’aux extrêmes confins de notre Diocèse.

Puisse la Bienheureuse Vierge Marie, patronne et protectrice de notre Diocèse, porter nos prières et supplications auprès de son Fils. C’est à elle que je confie notre mission au service de l’Evangile de l’amour. Je lui confie aussi nos limites et vous appelle à marcher à la Lumière du Seigneur, avec un regard plein de foi et d’espérance.

Avec ma bénédiction paternelle sur chacun de vous et sur toutes vos familles, je forme le vœu d’une paix durable dans toutes vos maisons.

 

Donné à Kiomi St Vincent Strambi, le 09 Novembre 2007

      Mgr Nicolas DJOMO, Evêque de Tshumbe.

 

 


[1] Jean-Paul II, Exhortation apostolique post-synodale Pastores gregis, Cité du Vatican, Libreria Editrice Vaticana, 2003, n. 1.

[2] Cfr. Concile Œcuménique Vatican II, Décret Christus Dominus, du 28 octobre 1965, Paris, Fides, 1967, nn. 12-16 ; Jean-Paul II,  Pastores gregis, chap III-V.

[3] Cfr. Comite Permanent des Evêques de RDC, Message J’ai vu la misère de mon peuple (Ex 3,7). Trop, c’est trop !, du 18 février 2003, Kinshasa, Ed. du Secrétariat Général, 2003, nn. 18-19.

[4] Cfr. Concile Oecumenique Vatican II, Constitution pastorale Gaudium et Spes, du 05 décembre 1965,  n. 1.

[5] Concile Oecumenique Vatican II, Décret Presbyterorum ordinis, du 07 décembre 1965, n. 6.

[6] Jean-Paul II, Lettre apostolique Novo millenio ineunte, du 06 janvier 2001, Cité du Vatican, Libreria Editrice Vaticana, 2001, n.8

[7] Benoît XVI, Lettre encyclique Deus caritas est, du 25 décembre 2005, Cité du Vatican, Libreria Editrice Vaticana, 2006,  n. 22.

[8] 1 Macc 1,54.

[9] Benoît XVI, Exhortation apostolique  Sacramentum caritatis, du 22 février 2007, Cité du Vatican, Libreria Editrice Vaticana, 2007, n. 40 ; Benoît XVI, Lettre aux évêques à l’occasion de la publication de la Lettre apostolique Motu proprio Summorum Pontificum, du 07 juillet 2007.

[10] Benoît XVI, Sacramentum caritatis, n. 40.

[11] Ibid., nn. 40-42.

[12] Jean-Paul II, Exhortation apostolique post-synodale Ecclesia in Africa, du 14 septembre 1995, Kinshasa, Médiaspaul, 1995, n. 125.

[13] Cfr. Concile Oecuménique Vaticant II, Décret Inter Mirifica, du 14 décembre 1963, n. 14

[14] Jean-Paul II, Salvifici doloris, 1993,

[15] Concile Œcuménique Vatican II, Déclaration Gravissimum educationis, du 28 octobre 1965, n. 1.

[16] Benoît XVI, Discours aux Journées Mondiales de la Jeunesse de Cologne,  du 18 Août 2005.

[17] Jean-Paul II, Novo millennio ineunte, n. 9.

[18] Cfr. Concile Œcuménique Vatican II, Déclaration Gravissimum educationis, n. 5.

[19] Cfr. Jean-Paul II, Ecclesia in Africa, n. 70.

[20] Cfr. Mt 11, 4-6 ; Lc 4,18-19.

[21] Synode des Evêques, Lineamenta L’Eglise au service de la réconciliation, de la justice et de la paix. « Vous êtes le sel de la terre…Vous êtes la lumière du monde » (Mt 5,13.14), Kinshasa, Secrétariat Général du Synode des Evêques, 2006, p. 4.

[22] Cfr. Mt 9,37.

[23] Conférence Episcopale Nazionale du Congo,  Déclaration Avance en eau profonde, 05 décembre 2006, nn. 2.22-23.

[24] Jean-Paul II, Pastores gregis, n. 5.

[25] N. Djomo, Lettre pastorale Ut unum sint,  du 09 novembre 1998, Tshumbe,  Pastoralia 1, 1998, n. 7-9.

[26] Mt 5,16.

[27] N. Djomo, Lettre pastorale Vers l’organisation d’un plan de pastorale d’ensemble, 02 janvier 2002, Tshumbe, Pastoralia 4, 2002,  n. 12.

[28] 1 Co 9,16.

[29] Cfr. Mt 21,42.

[30] N. Djomo, Vers l’organisation d’un plan de pastorale d’ensemble, n. 3.

[31] N. Djomo, Ut unum sint, n. 7.

[32] Cfr. Benoit XVI, Premières Vêpres Pontificales en la Basilique Saint-Paul-hors-les-Murs, du 28 juin 2007. L’Année Paulinienne s’ouvrira le 28 juin 2008 en conclura le 29 juin 2009.

[33] Cfr. N. Djomo, Ut unum sint, n. 23.

[34] Cfr. N. Djomo, Ut unum sint, n. 21.

[35] N. Djomo, Lettre pastorale Prenons en charge notre Eglise, du 28 décembre 2003, Tshumbe, Pastoralia 6, 2003, n. 3 ; On trouve des orientations judicieuses dans Mgr N. Djomo, « La marche vers l’autofinancement de nos Eglises. Brèves remarques sur les stratégies à monter en vue d’un changement de mentalités », dans Actes du Congrès International de Missiologie « Tertio Millenio ». L’avenir de l’activité missionnaire « Ad Gentes », perspectives pour le 21è siècle, Kinshasa, Ed. Médiaspaul, 2005, pp. 226-234 ; Concile Œcuménique Vatican II, Décret Ad Gentes, du 07 décembre 1965, n. 15 ; Jean-Paul II, Ecclesia in Africa, n. 104 ; Conférence Episcopale du Zaïre, Prise en charge matérielle de l’Eglise par ses propres fidèles. Directives et Orientations des évêques du Zaïre, Ed. du Secrétariat Général, Kinshasa, 1995, nn. 147-156.

[36] 2 Co 9, 7.

[37] Jean-Paul II, Ecclesia in Africa, n. 104.

[38] Ac 2,41-47 ; 4, 32-37 ; 1Co 16,1.2 ; 2 Co 8,1 ; 1 Tm 5,18.

[39] N. Djomo, Ut unum sint, n. 24.

 

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