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Décédé le 09 novembre 2019 à Kinshasa, le corps du Professeur Abbé René OKITUNDU a été rapatrié le 14 novembre 2019 vers Tshumbe, diocèse d’origine et terre de ses ancêtres. Arrivée par un vol affreté par sa famille, la délégation des proches ainsi que la dépouille mortelle du Professeur Abbé René OKITUNDU ont été accueillis à l’aérodrome de Tshumbe par ses collègues prêtres, compagnons de ministère, venus de toutes les paroisses. De nombreux ecclésiastiques, les habitants de Tshumbe et les étudiants de l’Université Notre-Dame de Tshumbe (UNITSHU) avaient aussi effectué le déplacement de l’aérodrome. À sa descente de l’avion, le corps a été accueilli par des chants nécrologiques dans une ambiance de pleurs et de grande tristesse avant d’embarquer dans la jeep aménagée pour le transport mortuaire.
Le cortège funéraire s’est ensuite dirigigé vers le site de l’UNITSHU (en construction), pour une séance académique. Un éloge funèbre y fut prononcé par le Recteur de l’Université, Professeur Soeur Gemma WALO, suivie de quelques témoignages des étudiants.
Au sortir du site universitarie de l’UNITSHU, le cortège prit la direction de l’église Cathédrale. À l’approche de la Cathédrale, le convoi a été rejoint par d’autres habitants de Tshumbe.
En attendant la cérémonie funéraire, le corps du défunt fut accueilli dans une chapelle ardente où des fidèles catholiques et des personnes qui ont connu l’illustre disparu lui ont rendu visite et hommage. La prière et la musique traditionnelle alternaient pour assurer la continuité de la veillée. Toute la nuit, les prêtres se relayaient auprès du corps de leur confrère.
À la messe d’inhumation, la Cathédrale était pleine de gens, avec du monde dehors. En annexe, l’homélie de Mgr Nicolas DJOMO, l’Ordinaire du lieu et son promotionnaire.
L’audition de nombreux témoignages et allocutions à la mémoire du disparu plongea l’assistance dans une vive émotion. Quant aux membres de sa famille biologique, ils ne pouvaient que se dire soulagés en saluant l'ampleur que la communauté diocésaine avait donnée aux obsèques de celui qu’on appelait affectueusement Pap'Abbé.
"Seigneur Jésus-Christ, avant de ressusciter, Tu as reposé trois jours en terre, et depuis ce jour-là, la tombe des hommes est devenue, pour les croyants, signe d’espérance en la Résurrection. Nous Te prions, Toi qui es la Résurrection et la Vie: donne à notre frère défunt, René OKITUNDU, de reposer en paix dans ce tombeau du cimetière diocésain jusqu’au jour où Tu le réveilleras, pour qu’il voie, de ses yeux, dans la clarté de Ta face, la lumière sans déclin."
Requiescat in pace!
Pierre Claude OKONDJO.
HOMELIE POUR LES OBSEQUES DE MR. L’ABBE RENE OKITUNDU
Chers Frères et Sœurs,
1. Il a plu au Seigneur de rappeler, dans sa maison, ce samedi 9 Novembre, son serviteur l’Abbé René Okitundu.
Le jeune René avait commencé ses études secondaires au Collège St Augustin de Lodja, alors dirigé par Monsieur l’Abbé Albert Yungu, futur premier Evêque Congolais de ce diocèse. Rapidement des liens étroits s’étaient tissés entre le jeune René et l’Abbé Albert Yungu. L’Abbé Albert Yungu avait réalisé une grande proximité avec tous ses élèves. Ces qualités sacerdotales avaient créé un environnement favorable à l’éclosion des vocations sacerdotales au sein de ce Collège. C’est ainsi que c’est à l’Abbé Albert Yungu que René va parler de l’appel reçu du Seigneur pour devenir prêtre.
2. L’Abbé Albert Yungu va alors accompagner et préparer René à l’admission au Petit Séminaire St Gabriel d’Ototo. René nous a rejoints alors que nous étions en 6me des Humanités Gréco-Latines, après la 7me Préparatoire aux humanités Gréco-Latines. La force des grâces reçues ainsi que la volonté de répondre à l’appel du Seigneur avaient permis à René de rattraper tous ses retards dans un délai record. Nous avons cheminé avec René, ensemble, jusqu’à la fin de nos études de Théoologie. Nous serons ordonnés prêtres, ensemble avec lui, le 20 Août 1972 par son ancien Directeur de Collège, devenu notre Evêque, Son Excellence Mgr Albert Yungu.
3. Il est de coutume que lors de l’ordination sacerdotale et épiscopale le candidat se donne une devise devant éclairer son parcours ou orienter son engagement sacerdotal ou épiscopal. C’est au vu de son parcours que l’Abbé René s’était donné comme devise les propos suivants de Notre Seigneur Jésus-Christ, je cite: «Allez, vous aussi, à ma vigne et je vous donnerai ce qui est raisonnable» (Mt 20,4). C’est au regard de la singularité de son appel, des particularités de son parcours de formation, comme chacun d’entre nous pouvait en avoir, que René avait apprécié ces propos du Seigneur. «Allez, vous aussi». René, «vas-y, toi aussi» sur ma vigne. Vas travailler pour moi et deviens, toi-aussi, pêcheur d’hommes. Cette devise va constituer un moteur dans ses différents engagements tout au long de sa vie sacerdotale, jusque dans sa longue maladie. Cela s’est constamment traduit par l’ardeur du zèle pastorale et la manière très chrétienne.
4. Lorsqu’il m’avait été demandé de proposer une parole de l’Ecriture Sainte à mettre sur un dépliant portant des photos de l’Abbé René, spontanément j’ai proposé un propos de St Paul dans sa Lettre aux Ephésiens. Je cite : « Ayez soin de garder l’unité dans l’Esprit par le lien de la paix » (Ephésiens 4, 3). Paix et unité. J’ai eu le privilège de vivre avec René, en frère et ami, dans une grande proximité depuis notre jeune âge au Petit Séminaire jusqu’à notre ordination sacerdotale. J’avais pu le suivre dans ses différents engagements sacerdotaux, et jusque dans la façon dont il a porté les souffrances imposées par sa longue maladie. De tout cela je peux dire ceci: ce qui faisait courir l’Abbé René c’était la recherche de la paix afin que nous puissions toujours demeurer unis. L’Abbé René était toujours mu par un grand désir de faire la paix et restaurer l’unité par la réconciliation. Il était, parmi nous dans notre diocèse, l’artisan de paix, le conciliateur, le réconciliateur, le rassembleur, l’artisan de l’unité. C’était un conseiller avisé pour chacun et chacune d’entre nous. C’était un précieux directeur de conscience pour tous ceux qui recouraient à lui. Il nous aimait tellement qu’il préférait nous cacher les souffrances de sa maladie, ne voulant jamais nous inquiéter. Il préférait offrir ses souffrances à Dieu dans le silence, pour notre bien, le bien de notre diocèse.
5. L’Abbé René a dû être fortement marqué par le suprême désir de Jésus avant de quitter ce monde. «Père, que tous soient un, comme nous sommes un» (Jn 17, 21 ss). L’Abbé René savait que le fondement de l’unité est l’unique foi en l’unique Seigneur. L’unité est le fruit porté par ceux et celles qui demeurent dans l’amour du Christ et qui observent fidèlement son commandement: «Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés». L’Abbé René avait mis ce commandement au centre de sa vie sacerdotale. C’est l’amour du Christ, c’est son union au Christ, qui le portait à aider quiconque se trouvait dans le besoin. C’était aussi la source d’où il tirait son désir constant de conseiller, réconcilier, apaiser, mettre tout en harmonie parmi nous.
6. Le soin pour les enfants et les jeunes, est aussi une recommandation du Christ à laquelle il avait accordé une grande importance dans sa vie sacerdotale. Engagé dans l’enseignement universitaire, co-fondateur de l’Université Notre Dame de Tshumbe, l’Abbé René, s’était voulu en même temps un prêtre pour ses étudiants, un éducateur, un formateur de conscience. Il savait bien que la science sans conscience est de nature à pervertir le jeune et nuire à la société. Il aura toujours cherché à ce que les étudiants soient formés à devenir des hommes et des femmes éminents aussi bien par leur science que par leur conscience, prêts à assumer les plus lourdes responsabilités dans la société, en même temps qu’à témoigner de leur foi dans le monde. Il voulait que notre Université soit un foyer de sagesse où se forment des jeunes à la rectitude morale. Son engagement ainsi que son dévouement pour l’éducation chrétienne en fait venait du Christ Lui-même.
6. L’Abbé René avait fait de sa vie sacerdotale une vie tournée vers les autres. Ce faisant, il aura réalisé dans sa vie le radicalisme de l’Evangile. Il reste un modèle pour nous tous, consacrés du diocèse de Tshumbe. Qu’auprès du Père il soit aujourd’hui notre intercesseur. Qu’il veille sur l’unité et la paix au sein de notre Eglise particulière. Il avait tout quitté pour suivre le Christ. Que le Seigneur lui pardonne tous ses péchés et lui accorde le repos éternel, conformément à ce qu’Il avait promis à ceux qui allaient tout quitter pour le suivre. Amen.
+ Nicolas Djomo
Evêque de Tshumbe
Tshumbe, le 15/15/2019
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